Secrets de famille : combien d’enfants arrivent en consultation pour des problèmes d’ordre scolaire ! Il est vrai que l’attente des parents à ce niveau-là est très importante. L’école est le premier endroit où l’on peut voir où en est l’enfant dans son développement. C’est aussi un lieu où des personnes extérieures à la famille peuvent avoir un regard différent sur l’enfant, en particulier grâce à la comparaison qui peut être faite avec les autres enfants de son âge. Ainsi, l’école permet de cerner l’enfant qui va bien mais aussi celui qui va moins bien…
C’est donc non seulement le comportement de ce dernier envers ses camarades mais aussi son comportement au niveau du travail scolaire que l’on va regarder. L’enfant, pour grandir, a besoin d’être curieux et de sentir l’envie d’apprendre de nouvelles choses. Or, certains vont être bloqués à ce niveau-là et faire en sorte de mettre en échec toute tentative d’apprentissage. Les parents vont donc être inquiétés par les mauvais résultats qui vont en découler. Mais alors pourquoi ce blocage ?
Qui dit envie d’apprendre dit autorisation à apprendre et à découvrir de nouvelles choses. On ne peut pas dire à un enfant : « Tu dois bien travailler à l’école pour apprendre de nombreuses choses » et en parallèle faire en sorte que l’enfant n’en sache pas trop sur l’histoire de sa famille. En effet, on observe souvent que derrière ce blocage de l’enfant se cache un secret de famille. Or, le secret transpire dans la famille, personne n’en parle mais tout le monde ressent qu’il y a quelque chose de tabou, que certains sujets ne peuvent être abordés. L’enfant le premier. Les parents pensent que les petits ne comprennent pas, donc vont parler à demi-mots devant eux, et pourtant leur intuition fine ne les trompe pas.
Ainsi, lorsqu’il s’agit d’avancer vers de nouvelles données à l’école, l’enfant va reproduire comme à la maison cet interdit d’apprendre. Il ne va pas s’autoriser à se laisser aller au plaisir de la découverte. Il va se dire que cela représente un danger, un danger pour lui et pour sa famille. Il vaut mieux alors ne rien savoir…
L’aide d’un professionnel semble indispensable dans ce cas, pour que le secret soit dit sans mettre en danger l’enfant, ni sa famille, mais lui faire comprendre qu’il a le droit, lui aussi, à la découverte du monde…
Si le secret de famille est national, des adultes et pas des moindres en termes de responsabilités jugeront ou auront jugé qu’il vaut mieux ne pas en parler. Résultat: tout un pays, au lieu de partir activement à la découverte et à la fabrication de son avenir, se bloque. C’est alors que les choses pourraient logiquement déraper encore plus: « vous auriez dû le dire! », reproches, engrenage, etc… Comment faire quand aucun médiateur ne semble assez fort pour être compétent? Enfermer celui qui s’obstine à croire qu’il fallait dire la réalité? Et pourtant qui, sérieusement, pourrait croire que nous allons au-devant d’une nouvelle catastrophe nationale? On se fait peur, trop peur! Non! Il était temps de dire les choses et ne rien dire ne les arrangera pas, comme s’il s’agissait d’une lettre à la poste! Il y a eu blessure, elle peut guérir, qui saurait hésiter à restituer l’intégrité du corps? Après la pluie, le soleil…
Et pourtant, il y a des secrets de famille qui ne sont pas bons à entendre par les plus jeunes. Comment choisir un juste milieu entre le secret et l’étalage de problèmes qui risquent eux aussi de perturber l’enfant ?
En effet, c’est pour cela qu’il faut un médiateur, un professionnel qui sait trouver les mots justes. Ce qui est mauvais c’est le secret car l’enfant va entendre des choses à droite et à gauche et avec tout cela va se créer une histoire pour tenter de trouver une explication. Or, parfois cette histoire peut être pire que la réalité et blesser bien plus l’enfant. Évidemment si le secret n’a aucun intérêt pour l’enfant, ne touche pas son individu (sa filiation ou autre) mais uniquement ses parents par exemple (infidélités…), il n’a pas à le savoir car cela ne le concerne pas et le savoir peut même créer une ingérence dans la famille.