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Transcription de la vidéo :
Bonjour, alors je suis très contente de vous retrouver. Ça fait un moment que je n’avais pas fait de vidéo. Je vous avoue qu’on a été vraiment débordé. Je dis on, parce que mes collègues psychologues aussi. On est vraiment débordés de consultations. Et non, je ne trouve pas ça déprimant d’être débordé de consultations. Au contraire, je trouve ça super de voir que aujourd’hui vous ne vous laissez plus enliser dans vos problèmes.
Vous vous prenez en main, vous vous faites aider, et on a tellement de belles histoires qui vont mieux que ça vaut le coup. Donc c’est plutôt très bon signe que nos cabinets soient débordés parce que c’est pour des bonnes choses. Et je pense qu’aujourd’hui vous arrivez à venir un peu moins tard que ce que vous pouviez faire auparavant.
Donc c’est très important et c’est pour ça que je me disais quand même qu’il fallait reprendre ces vidéos, lâcher un peu le cabinet pour pouvoir arriver dans vos maisons, arriver auprès de vous plus directement. Parce que je crois que ces vidéos vous permettent aussi de vous motiver et de vous poser les bonnes questions.
Et encore une fois, c’est tout l’intérêt de ne pas arriver trop tard dans le cabinet du psy quand il faut y aller. Je ne dis pas qu’il faut y aller. Il y a plein de situations que vous pouvez régler de vous-même chez vous. Mais voilà, c’est vraiment cette idée de vous garder dans une dynamique et que le couple reste toujours vivant.
« j’ai l’impression là qu’on arrive au bout d’un cycle »
Alors aujourd’hui, justement, à propos de couples vivants, je voulais parler de ces couples qui viennent me voir et qui me disent Camille, j’ai l’impression là qu’on arrive au bout d’un cycle. J’ai l’impression qu’on a vécu quelque chose. On a vécu une histoire ensemble et là, on arrive au bout de quelque chose.
Et peut-être qu’il faut qu’on accepte que là, nos chemins doivent se séparer parce que, on a vécu, qu’il fallait qu’on vive ensemble. Et aujourd’hui, on est appelé à autre chose. Attention, ce que je veux vous dire dans la vidéo, c’est déjà la construction de l’individu qui passe par des crises successives.
La deuxième chose, c’est que le début d’un nouveau cycle commence toujours par un mouvement qui n’est pas adapté. Un mouvement qui est jeune, qui n’est pas arrivé à maturité, qui est même parfois un peu inadapté, un peu brut, pas toujours fin et pas toujours délicat dans la relation.
Il peut faire un peu mal ce mouvement parce qu’il est nouveau. Et troisièmement, comment je me sers de ce mouvement de mon conjoint pour accompagner la relation de couple sans tendre à vouloir la rompre.
Nous avançons tous par crises successives (Et c’est bien !)
Alors, dans mon premier point, l’individu avance par des crises successives. C’est vraiment je peux vous dire que c’est ce qu’on apprend dans nos études de psychologie. C’est toutes ces crises que l’être humain traverse.
La crise des deux ans, la crise de l’entrée à l’école, la crise parfois de l’arrivée d’un frère ou d’une sœur à la maison. Et puis la crise de l’adolescence. Et puis la crise de l’autonomie quand je pars de la maison. Et puis le début de la vie de couple et la fameuse crise qu’on dit des sept ans, puis la crise de la quarantaine.
Vous voyez tout, c’est tous ces cycles que l’on passe provoquent en général des crises. L’étymologie du mot crise vient et veut dire évolution. Ça ne veut pas du tout dire rupture.
Attention, on a tendance à croire qu’une crise va mener à une rupture. Pas du tout. Le nombre de crises qu’on a pu vivre dans des familles, dans des relations, heureusement qu’on n’arrive pas toujours à une rupture.
Et le couple fait partie de ce même fonctionnement relationnel. L’individu doit donc passer ces crises successives. Il est évident que quand je change une pièce du mécanisme, le mécanisme va grincer.
Donc si moi dans la relation, je décide que je veux être maintenant autrement parce que j’ai décidé qu’aujourd’hui je devais plus m’affirmer. Je devais plus me mettre en priorité, prendre soin de moi.
Je devais au contraire aujourd’hui arrêter de penser qu’à mon cocon et plutôt aller à l’extérieur pour me donner. Quand j’estime que là, j’en ai marre de me faire avoir par un patron et il va falloir, je dis ce que je veux et peut-être qu’il faut que je parte de mon boulot. Voilà, voyez tout. Tous ces mouvements.
Je me dis pourquoi je me suis un peu enlisé et rigidifié dans une dans une façon d’être au monde qui aujourd’hui ne me convient pas, qui fait qu’aujourd’hui je remarque que ça me met mal dans les relations que je vis.
Fin de cycle et crises de couple : un moyen de tester de nouveaux mécanismes
Et en général, c’est là où j’en arrive. À mon deuxième point, je vais tester d’être autre chose. Je vais tester d’être une autre personne, d’agir autrement. Je vais tester de nouveaux mécanismes. Au départ, évidemment, c’est un peu du mimétisme. Tiens, j’ai vu telle personne. Elle s’est vraiment bien affirmée. Je vais faire comme elle. Ça a l’air de bien marcher.
Sauf que moi, quand je le fais, je vais dire les choses avec de la colère. Ou alors ça va être brutal sans avoir tenté de discuter. En fait, je ne me suis pas du tout rendu compte de tout le mécanisme qui se met en place pour que cette affirmation soit paisible, soit ferme mais sereine, puisse mener là où je veux aller.
Donc il est possible qu’au départ, et ça, je le vois beaucoup. J’ai beaucoup de couples justement qui ont cette sensation d’arriver à la fin d’un cycle parce que souvent, il y en a un des deux qui s’est trop tu dans la relation et qui est là, commence à dire Moi aujourd’hui, c’est bon, j’arrête de dire oui à tout, je n’accepte plus et donc j’ai besoin qu’on écoute ce que je veux.
Sauf que ça se transforme souvent en je ne vais plus faire de compromis. Maintenant, on fait ce que moi je veux et vous comprenez bien que ça ne peut pas marcher non plus, parce que ça veut dire que je projette l’autre dans la situation que j’avais avant, dans laquelle je m’étais souvent mis moi-même, mais dans une situation de soumission.
Maintenant, t’écoutes ce que je veux et c’est tout. Évidemment, c’est un début de processus. C’est un début de crise en début de cycle. Après, il va falloir que ça s’assouplisse. Qui dit s’affirmer ne veut pas forcément dire obliger l’autre à faire absolument toutes mes volontés.
Sauf qu’au départ, j’ai tellement pris sur moi pendant des années qu’au départ, c’est comme ça que je vais agir. Ça va être maladroit. Voilà, ça, c’est comme un adolescent. Voyez l’adolescent, il ne sait pas trop ce qu’il va faire. Il sait juste dire qu’il veut absolument aller à cette soirée. Pourquoi il sait pas pourquoi particulièrement cette soirée ? Il ne sait pas, mais c’est juste parce que ses parents lui disent non.
Voilà, donc ça va être maladroit. On va dire des trucs qu’on pense pas ou qu’on pense, mais qui sont mal dits. C’est un peu de cet ordre là. Quand un schéma, quand je commence à construire un nouveau schéma relationnel, comme il est nouveau, il n’est pas encore arrivé à maturité. Il est souvent un peu rigide, il est un peu brutal.
Comment me positionner face à mon conjoint qui est en crise ?
Ce qui m’amène à mon troisième point qui est comment, moi, en tant que conjoint, me situer face à mon conjoint qui vit ce changement, qui vit ce nouveau cycle, qui démarre ce nouveau cycle, qui vit cette crise ? Parce que si mon conjoint vit une crise, forcément, je dois moi aussi vivre une crise de la relation parce que les repères que me donnait mon conjoint vont bouger.
Donc, là où je m’étais adapté aux repères du conjoint, aujourd’hui, il va falloir que je modifie mon adaptation puisque les repères ne sont plus les mêmes. Donc vous comprenez bien, et ça, on le voit très souvent, des couples qui arrivent avec cette fameuse crise de la quarantaine. J’en ai marre des contraintes, j’ai vraiment besoin de souffler, j’ai besoin d’oxygène. Bah ouais, si je veux sortir avec mes amis, écoute, tant pis, je sors.
Il y a là dedans quelque chose d’intéressant. Vous obligez le couple à bouger, à ne pas s’enliser, à être en mouvement. Et ça, c’est génial. Et il ne faut surtout pas aller à l’encontre des crises. Le pire est le conjoint qui me dit Oh là là, Camille il va falloir calmer ma compagne parce que là, on est dans sa crise de la quarantaine. On dirait une vraie ado. Il va falloir lui dire qu’elle se calme.
Malheureusement, vous risquez d’être déçu parce que je vais rarement dire là, il va faire se calmer. Non, non, non, je vais dire mais pourquoi vous avez besoin de vivre ce truc là ? Et vous, comment vous pouvez, à côté d’elle, bouger aussi ? Qu’est-ce que vous pouvez mettre en place sans bafouer vos valeurs, sans bafouer votre dignité, sans aller à l’encontre de l’essentiel ?
Mais il va peut-être falloir accepter qu’on est ce que c’est si grave que ça, de temps en temps, de sortir l’un sans l’autre, tout ça ? Peut-être pas au final, c’est peut-être un nouveau processus que vous allez mettre en place, qui est pas mauvais. Mais qu’est-ce que ça veut dire derrière ? Qu’est-ce qu’on vient toucher ? C’est pas simplement une question de sortie, il y a autre chose derrière. Et c’est là où la crise, la fin d’un cycle et le début d’un nouveau cycle. Demande pas mal de négociation, demande justement, parfois et assez régulièrement, quand les crises sont fortes, à se faire aider par une tierce personne, mais sont loin d’une catastrophe pour le couple. En général, c’est même très salvateur pour le couple. Et heureusement que ces crises existent. Heureusement que ces cycles existent. Si on n’avait pas de crise dans l’éducation de nos enfants, nos enfants resteraient nos tout petits. Mais non, heureusement, ils bougent, ils avancent et grâce à ces crises, ils deviennent adultes.
Les crises de couples sont là pour nous faire progresser
Et je crois que nous, grâce à nos crises dans nos couples, grâce à ces cycles qui arrivent à un bout et qui vont démarrer sur un nouveau cycle, on peut nous aussi permettre à nos couples de passer du stade de l’enfance au stade de l’adolescence et au stade adulte. Et est-ce qu’on atteint un jour vraiment l’âge adulte ? Ça, déjà pour nous même, on ne sait pas. Mais alors pour le couple, c’est encore une autre question.
En tout cas, ce qui est sûr, c’est que c’est génial parce que ça permet aux deux conjoints de se poser les bonnes questions, de sortir d’une rigidité relationnelle ou parce que ça a marché comme ça pendant dix ans. Ça devrait continuer à marcher comme ça. Non, je ne crois pas. Je crois qu’aucun couple n’aura le même fonctionnement tout au long de sa vie, sinon, c’est des couples qui deviennent tristes, qui deviennent fades. Et ça, c’est pas ce que vous voulez, je le sais bien.
Donc surtout, n’ayez pas peur de ces crises. Ne pensez pas que la fin d’un cycle débouche forcément sur une rupture, au contraire, essayez d’aller lire le début du cycle suivant. Soyez indulgent sur le côté très brut et le côté très maladroit du début du cycle. Il faut qu’on réfléchisse, il faut qu’on y aille lentement et il faut qu’on arrive à comprendre les maladresses pour mener ce nouveau schéma relationnel à quelque chose de plus mûr qui va pouvoir vous convenir à tous les deux.
A propos
Je m’appelle Camille Rochet, Je suis psychologue et thérapeute de couple, membre de la Société Française de Thérapie Familiale.
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